Artiste Olivier Masmonteil · Œuvre "Parfois j’ai peint le paysage, 2024 " · CHAPITRE III : DÉTRUIRE LA PEINTURE depuis 2024 · Texte d' Olivier Masmonteil


Olivier Masmonteil "Parfois j’ai peint le paysage, 2024"
Huile sur toile_180x160cm

Parfois j’ai peint le paysage. Mais c’est lorsque j’ai cru l’abandonner qu’il a resurgi dans la puissance
de la peinture. De série en série, chaque tableau m’éloignait d’un lieu originel.
Ce tableau est le premier d’une métamorphose dans laquelle la couleur me permet de nouvelles 
lumières. Comme des tableaux oubliés qui portent le souvenir d’un reflet espéré.
Tout ce que j’ai quitté s’est incarné dans des tâches, où lentement je m’éloigne de l’image 
et me rapproche de la peinture abandonnant provisoirement les ciels et les nuages pour retrouver l’immatérialité du paysage : la tempête, la chaleur, le vent, la pluie…
Ce chapitre ouvre une nouvelle temporalité, faite de doute et d’espoir, de plaisir et de colère.
La peinture est réapparue dans ma vie comme le souvenir d’un après-midi d’été oublié.
Longtemps j’ai rêvé l’horizon autour du monde, je l’ai détruit pour affronter un paysage intérieur, 
au-delà des apparences…
Cette série est un très beau voyage que j’ai débuté il y a plusieurs mois, un voyage compliqué, 
douloureux, parfois violent, mais un voyage vital.
Il est apparu comme une nécessité mais aussi comme une chute dans un abîme sans fond.
Habitué aux horizons, il a fallu que je me confronte à la verticalité à l’opacité d’une paroi infranchissable
et glissante.
Souvent j’avais essayé de me débarrasser de l’accessoire, mais lorsque j’ai démarré cette série 
l’essentiel avait disparu.
C’est dans la solitude, le vide et l’obscurité que j’ai cherché une lueur.
Comprendre la chute fut le premier enjeu, remonter le temps à tâtons. Et faire le deuil de soi-même.
Comprendre l’abandon du désir, comprendre la violence de la culpabilité, comprendre les interdits
que je m’étais imposés.
Parmi les éléments qui émergeaient, aucune réponse, simplement des clefs dont il me fallait trouver 
les serrures.
Ce voyage m’a conduit sur les rives de l’enfance, avec la jubilation gratuite de la contemplation 
et tout ce qui l’avait, par la suite, entravé.
Abandonner l’image pour retrouver la peinture.
Accepter de se perdre fut l’enjeu premier et en accepter les conséquences. Apprivoiser le vide.
Accepter un temps infini.
J’aurais voulu décrire les douleurs d’un amour perdu, mais je n’avais pas les mots alors j’ai cherché 
à peindre la couleur d’un cœur déchiré dont le regard se perdait dans un ciel infini.
L’horizon était l’illusion qui me permettait d’éviter mon propre regard.
L’ivresse de l’évasion pour oublier le vertige de la fuite.

Olivier Masmonteil Madagascar et Kahikatea 1, 2020,
Huile sur toile, 219 x 201 cm



Lorsque l’estomac se noue du manque et de la disparition, reste le cri pour tenter de dissoudre 
la douleur. Chaque couche de peinture est un cri qui se recouvre de couleurs afin de disparaître 
dans un chaos assourdissant.
Par moments, il peut sembler que la douleur soit partie, en fait, on s’aperçoit qu’on s’habitue à vivre avec. Puiser la beauté dans le chagrin amoureux et m’enlacer dans la peinture pour m’empêcher de la prendre dans mes bras.
Chercher dans mes tableaux le souvenir d’une peau électrique de douceur.
Lorsque les premières couleurs familières sont apparues je ne les ai pas vues tout de suite, 
mon regard n’était pas prêt, il fallait que je puisse fermer les yeux pour retrouver mon regard 
et oublier celui de l’autre. C’est alors que j’ai compris que ces lumières ne devaient pas se regarder 
avec les yeux, mais avec le cœur. 
Pour peindre le vent on ne peut pas le regarder, il faut fermer les paupières pour le voir.
La solution était derrière mes yeux c’est pour cette raison qu’elle n’était pas visible.
Dans ce nouveau chapitre je cherche l’invisible, le vent, la chaleur, le goût du sel…
La peinture consiste à « recouvrir pour dévoiler ».
Aujourd’hui il me semble que ma peinture n’a consisté qu’à recouvrir pour me cacher. 
Toutes ces peintures accumulées depuis des années étaient un mélange de vanités pour exister aux yeux 
du monde comme un peintre. Et lorsque je m’étais appliqué à me camoufler derrière des mètres carrés
de toiles, je me devais de découvrir ce que j’avais cherché si longtemps à dissimuler. 
Mais comment recouvrir à nouveau alors que seule la toile vierge était en mesure de me parler ?
Difficile d’abandonner l’orgueil des cimes et la vanité des sommets, pour retrouver l’humilité des abîmes
et l’innocence de l’enfance.
Je me complaisais dans l’arrogance de savoir tout peindre mais je me réveillais impuissant de la moindre trace. Je me perdais dans l’illusion de tout peindre du monde visible, alors que mon réel sujet avait toujours été masqué.
C’est probablement pour cette raison que l’horizon m’attirait. 
Depuis la Renaissance, le tableau hésitait entre le mur et la fenêtre ; ce n’était finalement, ni le mur 
ni la fenêtre que je cherchais mais ce que le tableau ne montrait pas.
Ce vide ne me fait plus peur, j’ai réussi à nommer le néant et vaincre cet horizon que je croyais 
infranchissable et qui m’ouvre aujourd’hui un espace illimité, celui de peindre l’invisible.
Je n’aurai rien sacrifié.

Olivier Masmonteil - septembre 2024


Olivier Masmonteil Œuvre Stiller-Sturm 2006 Huile sur toile 180 x 200 cm





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