Artiste Olivier Masmonteil · ŒUVRE "Madagascar et Kahikatea 1, 2020" · CHAPITRE II : LE PLAISIR DE PEINDRE 2 0 1 2 - 2 0 2 4 · Texte d' Olivier Masmonteil
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| Madagascar et Kahikatea 1, 2020, Huile sur toile, 219 x 201 cm |
l’apparition d’une minuscule évasion. S’en saisir est illusoire. Il faut le suivre lentement,
l’observer comme on regarde une truite nympher entre deux eaux. Lentement avec attention comme
je choisis une mouche, j’écarte les couleurs inutiles.
Sous mes yeux la surface du tableau s’évade, des taches alors ignorées prennent une signification nouvelle. La surface peut enfin être crevée et le combat commencer. Son issue ne dépendra que du plaisir de peindre. Si la possibilité de peindre m’a permis d’envisager la profondeur de la peinture,
Sous mes yeux la surface du tableau s’évade, des taches alors ignorées prennent une signification nouvelle. La surface peut enfin être crevée et le combat commencer. Son issue ne dépendra que du plaisir de peindre. Si la possibilité de peindre m’a permis d’envisager la profondeur de la peinture,
le plaisir me permet d’en expérimenter l’ampleur.
L’esprit cartésien est mis à rude épreuve par la pratique de la peinture. Le temps n’a plus de chronologie linéaire. Le début et la fin se confondent souvent alors que le fil du récit n’est qu’un bloc ignorant la ligne du temps. Cette pratique particulière se trouve liée à l’enfance, à ce moment qui ignorait encore la mort. L’éternité semblait alors la norme et la mesure du temps inconnue. Dans l’atelier le temps disparaît, il n’a pas de prise sur le tableau. Alors naît le plaisir de peindre. Rien ne le contraint, puisque désormais tout est possible, il n’y a plus de sujet privilégié, le paysage laisse d’autres motifs le rejoindre. La toile devient autant une fenêtre qu’un mur, un support des jeux de l’enfance et des désirs de l’innocence.
Les taches de peinture n’ont plus le même statut, celles du sol ont autant de valeur que celles de la palette. La figure n’a plus l’importance que l’on peut imaginer, la couleur devient cet élément magique
et jubilatoire qui rend la matière charnelle.
Le paysage offre l’infini, il suffit de reculer pour voir la fenêtre et pénétrer l’intime.
Le paysage offre l’infini, il suffit de reculer pour voir la fenêtre et pénétrer l’intime.
Peindre l’infini ou l’intime, le projet paraît insaisissable mais il devient le mien pour les années
qui viennent. L’essentiel demeure le plaisir. Ce nouveau chapitre reste à peindre. Il est rempli d’espoirs,
de doutes et de craintes. Le plaisir marquera-t-il la fin du désir ou les prémisses de l’oubli ?
Engendrera-t-il la joie ou la mélancolie ?
Quoiqu’il en soit, dans l’atelier, l’éternité m’appartient et afin de maintenir cette illusion
j’y plonge avec innocence.
J’aime croire qu’ici les règles qui régissent l’espace et le temps n’ont plus cours.
Olivier Masmonteil - juin 2012
Olivier Masmonteil Crédit photo: Julie Ansiau



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