NI CHAÎNES NI MAÎTRES un film de Simon Moutaïrou
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NI CHAÎNES NI MAÎTRES
Le titre du film fait référence à la devise anarchiste "NI DIEU NI MAÎTRE".
Le scénario met en scène le contraste des couleurs du vert et du bleu de l'Île Maurice face au rouge,
le rouge sang de l'Histoire.
Époque où l' Île Maurice s'appelait Isle de France dont le gouverneur La Bourdonnais y introduit le sucre en 1744. Histoire d'un haut lieu du marronnage classé par l' UNESCO patrimoine international.
Histoire du Morne Brabant, un monolithe de 500 mètres de haut, face à la mer, où les esclaves fugitifs
se sont rassemblés à son sommet en retrouvant une dignité, une fierté.
Le récit s'inspire entre autre des écrits de l'historienne mauricienne Vijaya Teelock responsable du programme "les Routes de l'esclavage" à l' UNESCO, complété par les livres de survie du marronnage: "Ma véridique histoire" d' Olaudah Equiano, les "Marrons " de Louis-Timagène Houat, " Le Viel esclave et le molosse " de Patrick Chamoiseau, "Le marronnage à l' Isle de France: rêve ou riposte de l'esclave ?
d' Amédée Nagapen. À sa lecture, un personnage hors du commun émerge, Madame La Victoire
(de son vrai nom Michelle-Christine Bulle; une femme qui était considérée comme le plus grand chasseur d'esclaves de son époque. Elle était payée par la Couronne de France. (Rôle interprétée par Camille Cottin).
La réalisation est imprégnée de vérité mystique. L'esprit spirituel est évoqué par les mots d' Édouard Glissant : "Lorsque l'esclave entre dans la cale du bateau négrier, il y a un effondrement de toutes ses certitudes. Aucune cosmogonie, aucun dieu, aucune scarification ne peut expliquer ce qui se passe."
Du panthéisme, la déesse wolof, Mame Ngessou hante le mental de Massemba (Ibrahima Mbaye Tchi).
Pour les prières, les rituels et les cérémonies du film ont été réalisés avec l'aide de Khadim Sylladu spécialiste wolof.
Simon Moutaïrou est fier de par son film d'avoir jeté un pont avec les œuvres d' Euzhan Palcy, Guy des Lauriers et Med Hondo.
En vertu du devoir de mémoire, film à voir.
Avec Ibrahima Mbaye Tchi, Camille Cottin, Anna Diakhere Thiandoum, Benoît Magimel
1759. L’île Maurice est aux mains du Royaume de France. Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel), vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire (Camille Cottin), célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial…
Directrice de recherche au CNRS
Présidente du Comité Scientifique International « la Route des personnes mises en esclavage » de l’UNESCO
« L’histoire de l’esclavage, dans l’Océan Indien comme dans l’Atlantique, est celle de la résistance des esclavisé.es contre la domination, l’histoire du marronnage. Ni chaînes ni maîtres oppose l’inhumanité en action des colons, enfermés dans l’absolue certitude de la hiérarchie des races, à la quête inébranlable de liberté et de dignité des marrons.
La narration classique est ici renversée. Ce sont les marrons qui sont suivis au travers de leurs défis, de leurs combats et des chemins initiatiques qu’elles et ils suivent pour s’affirmer -enfin- comme sujet de leur histoire. »
DOMINIQUE ROGERS
Maîtresse de conférences à l’Université des Antilles
Membre du Centre international de recherches sur les esclavages et post-esclavages
« Si la traite et l’esclavage atlantiques ont contribué à la richesse de la France pendant près de trois siècles, ils ont surtout occasionné les souffrances d’un million quatre cent mille hommes et femmes déportés vers les colonies françaises des Amériques ou de l’Océan Indien. Pour autant, leur histoire et celle de leurs descendants n’a guère suscité l’intérêt du cinéma français.
Les travaux les plus récents menés par des historiens à partir des archives judiciaires ont permis de suppléer au manque de récits autobiographiques du monde colonial français. Ce que l’on a appelé les « voix d’esclaves » ont mis en évidence l’agentivité des esclavisés, leur capacité à faire des choix dans des contextes de coercition extrême. Ces témoignages documentent l’humanité fondamentale des esclavisés, leur aptitude à reconstituer des familles malgré les séparations ou à inventer d’autres formes de communautés pour survivre. Ce sont leurs histoires que nous raconte enfin le film
Ni chaînes ni maîtres. L’histoire du grand marronnage, jamais encore portée à l’écran. L’histoire de ces femmes et de ces hommes qui, acculés par le système esclavagiste, ont opté pour la fuite et la révolte. Ces figures héroïques de marrons dont la solidarité, le courage et la détermination changent à jamais le regard que l’on portera sur eux. »
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