Vase de Sèvres, 2000 Rodez, Musée Soulages

Vase de Sèvres, 2000 Rodez, Musée Soulages © Photo Pocquet Gérard  https://ainsiparlaitlart.blogspot.com/
Vase de Sèvres, 2000 Rodez, Musée Soulages
Céramique
Biscuit émaillé et doré
3è donation Pierre et Colette Soulages, 2020

https://www.sevresciteceramique.fr/galerieshowroom/les-univers-de-sevres/product/vase-soulages.html

Le vase Soulages est une œuvre-phare parmi les créations contemporaines à Sèvres.
Réalisé en 2000 pour la Présidence de la République française, un premier exemplaire est devenu le trophée d'un Grand Prix de Sumo au Japon, remis à Tokyo par le Président Jacques Chirac.
Après avoir exposé le prototype du vase au Japon, en Espagne, en Grande-Bretagne et en Corée, 
devant le succès public rencontré, la Manufacture de Sèvres a décidé en 2008, en accord avec l’artiste, 
de produire cette œuvre à dix exemplaires. L'édition est aujourd'hui épuisée.
Le vase Soulages a reçu l'année suivante, en 2009, le Prix du plus bel objet du Pavillon des Arts 
et du Design (PAD) à Paris.
Unique intervention dans le champ de la céramique du grand peintre français Pierre Soulages, dont la reconnaissance est aujourd'hui internationale, ce vase est pour autant très représentatif de sa démarche artistique, toute entière consacrée à exalter le dialogue de l'ombre et de la lumière par l'usage du noir. 
Sa peinture est abstraite, gestuelle, pratiquement monochrome, dans une approche très personnelle du traitement de la surface, de la matière et d'une vibration de la couche picturale. Le vase qu'il a conçu à Sèvres est une urne monumentale, tout à la fois réceptacle et offrande à la lumière, conçue tel un espace architectural favorisant le recueillement mystique.
L'artiste a abordé la matière porcelaine en réinterprétant une forme classique du répertoire de la manufacture, un vase Gensoli n°11, des années 30. La surface extérieure a été modifiée, striée de haut en bas, puis teintée en gradation de noir sur un fond gris clair. Le laboratoire de Sèvres a fabriqué, conformément au désir du peintre, un émail noir d'un effet semi-mat très intense. La surface intérieure du vase a été recouverte avec 400 grammes d'or pur 24 carats, visible seulement par un large oculus découpé dans la paroi. La forme refermée en partie supérieure par un demi-couvercle ménage une ouverture pour un rai de lumière, qui « embrase » littéralement l'or en son coeur.
 
 « Un vase, habituellement, c’est vide et sombre. Je voulais que le mien contienne de la lumière. »
 

Conception et réalisation

Soulages a conçu la forme et suivi de très près sa réalisation, comme il le fait toujours. Le vase est recouvert de deux couches d’email choisies par l’artiste, la première d’un gris léger en dégradé et la seconde faite d’un noir de petit feu d’effet semi mat. Toutes les stries sont mesurées puis tournassées après ajustage à l’atelier de grand coulage. Les filets noirs sont ensuite posés par le fileur-doreur. Ces entailles et ces sillons, de profondeur inégale, font jouer la lumière dans la matière. L’ouverture est découpée à l’aide d’une meule diamantée, puis chanfreinée à l’intérieur. Celle-ci permet de voir la dorure (400 gr d’or pur 24 carats). Cet élément rattache l’œuvre aux peintures de la première manière de l’artiste où la lumière émergeait des profondeurs de la toile.
Le vase a été réalisé à l’atelier de grand coulage. Il est composé d’un corps, d’un pied et d’un couvercle ; chaque partie du vase est cuite à 1280°C. Ce vase a reçu le prix du plus bel objet du Pavillon des arts du Design, à Paris en avril 2009.
Bernard Bachelier, collectionneur et spécialiste de la céramique contemporaine

 
Dans le cadre de Japonismes 2018, le palais de l’Élysée a prêté un vase au Musée du quai Branly – Jacques Chirac jusqu’au 3 septembre. Paraissant anodin, ce geste est pourtant symbolique tant la valeur de l’œuvre d’art est élevée. Retour sur son histoire.

Les Japonais y voient une allusion au mythe de la déesse du Soleil, Amaterasu, qui est la protectrice qui figure sur le drapeau nippon sous la même forme. 
 
Le premier exemplaire sorti de la Manufacture est devenu trophée d’un tournoi de sumô au Japon, offert par le président Jacques Chirac, puis exposé en Espagne, en Grand-Bretagne et en Corée du Sud. L’œuvre a notamment reçu le prix du plus bel objet du Pavillon des Arts et du Design à Paris. Devant ce succès, la Manufacture de Sèvres décide, en accord avec l’artiste, de produire 10 exemplaires en 2008.

Bien que la série soit aujourd’hui épuisée, un exemplaire est conservé au Musée de Sèvres. Pour le lancement de Japonismes 2018, ce vase exceptionnel est actuellement en exposition au Musée du quai Branly – Jacques Chirac jusqu’au 3 septembre, prêté par le palais de l’Élysée.
Soulages, un artiste reconnu mondialement

Pierre Soulages, né le 24 décembre 1919 à Rodez dans l’Aveyron, est l’une des figures majeures de l’abstraction. Il est également un grand maître de « l’Outrenoir« fondé sur la réflexion de la lumière sur la surface du noir, seule couleur qui n’existe jamais dans l’absolu.

Pierre Soulages, né le 24 décembre 1919 à Rodez dans l’Aveyron, est l’une des figures majeures de l’abstraction. Il est également un grand maître de « l’Outrenoir« fondé sur la réflexion de la lumière sur la surface du noir, seule couleur qui n’existe jamais dans l’absolu.
Soulages a réalisé, entre autres, 1 550 toiles et 104 vitraux pour l’Abbaye de Conques, dont la reconnaissance est aujourd’hui internationale. Ses œuvres sont achetées par des musées prestigieux dans le monde et au Japon, pays des arts monochromes avec sa calligraphie et sa peinture à l’encre sumi-e, qui apprécie particulièrement son univers d’obscure clarté. Se concentrer sur le noir lui permet de révéler des nuances infinies de luminosité dans le relief de la peinture. L’artiste déclare: « Je ne représente pas, je présente ».

Sans prédéfinir la finalité de ses créations, elles s’élaborent dans un mouvement perpétuel et dynamique avec des interactions entre l’artiste et l’œuvre. On peut constater dans son approche, l’importance de poser avec justesse un acte pour chaque moment de l’évolution de l’œuvre.
Un prix impérial

Après avoir obtenu le Grand prix de peinture de Paris, le Prix Rembrandt et le Grand prix national de peinture, Soulages a reçu en 1992 de la famille impériale du Japon et au nom de la Nihon Bijutsu Kyôkai (Association japonaise des beaux-arts) un Praemium impérial en hommage au Prince Takamatsu dans la catégorie peinture.
Ce prix récompense des contributions remarquables pour la promotion des arts et se veut l’équivalant du prix Nobel dans les cinq domaines que sont la peinture, la sculpture, l’architecture, la musique et le théâtre et/ou le cinéma.

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