Artiste Lesnanas_sur_un_fil "Rouge coquelicot"
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Lesnanas Surunfil |
Je suis Nana, une artiste autodidacte installée dans les Yvelines. Je mêle le dessin et l’écriture pour créer des images narratives. Mes personnages, les « Fifilles », sont des figures féminines poétiques, souvent accompagnées de textes visibles ou accessibles via un QR code. J’expose là où l’art peut rencontrer
les regards : dans une galerie, un café, une boutique, un restaurant…
À travers chaque œuvre, j’invite à une pause, un moment d’émotion, entre douceur et imagination.
QR Code
- Rouge coquelicot
- Je me suis débattue dans un songe, un mauvais rêve dans lequel mon cœur s’éteignait peu à peu. Il battait avec une lenteur désarmante, une arythmie triste à mourir. Je ressentais sa souffrance et captais faiblement ses appels au secours, puis il se brisait en mille morceaux que le vent emportait au loin.
- Ce matin, je travaille à l’atelier sur quelques photos rares. Mais alors que j’examine un tirage, une peur violente me terrasse, et mon cœur frappe mille coups. Il cogne, me fait souffrir, il crie, il hurle un mot que je ne comprends pas. J’ouvre la porte pour appeler à l’aide, puis m’écroule.
- — Madame, j’ai ausculté votre cœur qui m’a lancé un SOS, m’annonce un médecin. Ses mots étaient clairs : “Sauvez-moi… je l’aime.”
- Vous souffrez d’une forme aiguë et rarissime de maladie d’amour. Votre cœur est passionnément amoureux mais il pourrait s’arrêter définitivement de battre si vous ne retrouvez pas rapidement l’objet de cet amour. Ses contractions sont anormalement faibles. Vous êtes atteinte d’une insuffisance amoureuse grave, potentiellement mortelle.
- Je dispose d’un sursis afin de vous trouver, mon homme, mon graal. Je sens ma tête tourner, je veux tout savoir de vous, avoir pour mémoire vos souvenirs, vos yeux pour regard, vos seules mains pour caresses. Un mal-être me prend, et me condamne, et me brûle parfois toute entière. Je me consume peu à peu de vous aimer si fort et je pleure d’avoir été aveugle de vous.
- À la croisée de nos yeux, mon tambour s’emballera dans un rythme effréné et joyeux, je le sais. Que j’ai hâte de vous aimer de ma bouche. Oh, que j’ai hâte de vous aimer toujours !
- Je me prépare à me faire belle et sortir, je l’espère, à votre rencontre. Je colore ma bouche d’un rouge coquelicot et cueille un bouton de rose pour décorer ma coiffure, j’humecte ma peau d’une pluie fine d’ombre d’or. Une jolie robe en soie tente de couvrir mon corps, mes cheveux au vent d’été cachent timidement la couleur de mes yeux. Je longe la grande allée du parc en marchant frénétiquement dans mon rêve.
- Je pars gaie, légère comme une plume. Je vole de branche en branche, enfin je marche de rue en rue. Je n’égare pas mon sourire qui embellit joliment mes lèvres malgré les jours et les semaines qui défilent. Toute la journée, mes yeux considèrent d’autres yeux qui s’attardent parfois sur de charmants visages, mais il n’y a pas de vous dans le regard des hommes. Je n’entends pas l’ardente musique de mon petit tambour. Mon cœur, rouge, se tait. Je vous guette dans les méandres des ruelles, les cafés et les boutiques, dans le jardin vert et près du fleuve. Je m’aventure partout, jusque dans le miroir, en quête d’un indice qui mènerait à vous, une image de votre visage, que j'aurais cachée au fond de mon iris.
- Le temps s’écoule lentement sur les visages anonymes de la ville. Est-il beau de mourir d’amour, l’été, bercée au creux d’un rayon, sur un banc près du lierre qui entoure la muraille ? Étrange, mes yeux qui ne vous ont pas reconnu. Avoir pour regard un œil transparent comme une perle d’eau. Sur le banc, près du lierre qui étouffe la muraille, j’observe les passants. À cet instant, je sens mon organe s’éteindre en soufflant un dernier air. Mon cœur murmure combien il vous aime. Le rouge coquelicot de ma bouche se ternit brutalement, je m’écroule du banc et enfonce mon sourire dans le lierre.
- Lorsque je me réveille, on m’annonce qu’une autre attaque serait fatale. Il me faut une vie calme et sereine.
- Je reprends doucement le chemin de ma vie avec mon cœur rouge, abîmé de vous aimer toujours. Je ne sors plus de mon jardin, de mes livres, de vous que je ne connais pas. Je me caresse de paroles, me berçant d’images d’un “vous” imaginaire. Je flirte avec la solitude.
- Comme chaque année, le marchand de sable rend visite à la nature. L’automne est là. Arbres, déposez votre feuillage et posez votre habit sur le sol, le temps a sonné le repos.
- C’est le matin de la nouvelle saison que mon cœur a tapé la cadence, sans s’essouffler, en gardant la mesure. Du mieux possible, je tape dans mes mains en m’efforçant de garder le rythme. Alors quel bonheur aujourd’hui, car il veut sortir ! Il veut vivre et se battre. Je souris, je ris, la brise vient embrasser mon visage. J’ai dessiné mes lèvres, tressé les fils de mes cheveux. Je lace les rubans étroits de mes bottines. J’arrache, sans le savoir, du temps à la vie.
- Je sors, ivre d'envies, insouciante et belle.
- Je marche vers vous, innocente et rebelle.
- Et je vous croise dans votre manteau vert.
- Tout dans mon cœur va alors si vite.
- Je vous revois, chaque jour assis au café,
- Votre regard bienveillant posé
- au dedans de mes yeux.
- Mon cœur se met à chanter à tue-tête
- Des mots gorgés de soleil et danse
- Une formidable farandole
- D’amour et de gaieté.
- Ma bouche hurle un son nouveau.
- Mes yeux se perdent à vos pieds,
- Mon cœur est lourd d’amour et de bonheur,
- Si chargé d’émotions et de peurs
- Qu’à cet instant, ô pourtant si attendu,
- Mon souffle halète mais hélas,
- Mes lèvres rouges coquelicot
- Font tomber à terre,
- Pour toujours, mon sourire,
- Que j’avais dessiné pour toi.
- — « Maman ? Mamannn ? Tu t’es endormie ?? Au cinéma ! j’y crois pas… »
Lesnanas_sur_un_fil "Rouge coquelicot" https://ainsiparlaitlart.blogspot.com
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